Ce carnet est issu de mon travail de recherche en Art-Thérapie mené à la Faculté de Médecine de Lille. Il explore l’impact de cette approche sur le craving chez les personnes souffrant d’addiction. De nombreux patients témoignaient d’un mieux-être après les séances, mais se retrouvaient démunis face aux envies de consommer à domicile. En collaboration avec Mathilde Denozière, éducatrice spécialisée, nous avons conçu des ateliers simples, rapides et accessibles. Ce carnet vous propose des outils concrets à mettre en pratique dès que le craving survient — non pour lutter, mais pour transformer ce moment et améliorer votre bien-être dans la lutte contre l’addiction.
L’addiction mobilise trois circuits neuronaux spécifiques : le système mésolimbique (voies dopaminergiques – système de récompense), le système hypothalamo-hypophyso-surrénalien (système de réponse au stress) et le cortex préfrontal (responsable des fonctions exécutives). Lors d’une consommation modérée, la substance stimule le système de récompense, favorisant la libération de dopamine, ce qui procure une sensation de plaisir. Les fonctions exécutives, lorsqu’elles sont intactes, régulent cette consommation afin qu’elle reste occasionnelle et plaisante. Dans le cadre d’une addiction, cet équilibre neurophysiologique est perturbé . L’alcool altère les fonctions exécutives, responsables de l’auto-contrôle, entraînant le développement de comportements compulsifs. Le cortex préfrontal ne parvenant plus à exercer son rôle de régulateur, le système de stress s’active.
Le cercle vicieux de l’addiction se met ainsi en place : la consommation procure de moins en moins de plaisir, tandis que l’anxiété et l’irritabilité augmentent fortement en l’absence de la substance. Les comportements se modifient alors dans le but de soulager ce malaise, un phénomène connu sous le nom de renforcement négatif.
Le craving se définit comme une envie irrépressible de consommer la substance à laquelle on est addict. Les modifications des circuits neuronaux que nous avons détaillées précédemment sont à l’origine de ce phénomène. En effet, le ralentissement des fonctions exécutives, ainsi que l’activation du système de stress rendent plus fréquente cette envie irrépressible de consommer. Les récentes recherches de ces dix dernières années ont permis au DSM-V d’introduire en 2013 comme un des critères de diagnostic de l’addiction. Il est également une cible thérapeutique très importante dans la prise en charge des sujets addicts, puisqu’il se différencie des phénomènes aigus de sevrage et persiste des mois après l’arrêt de la consommation.